Projets

 

Biolixiviation des cartes électroniques

A. HUBEAU¹², A. CHAGNES¹, A.G. GUEZENNEC², M. MINIER¹

¹ Chimie ParisTech, PSL Research University, CNRS, Institut de Recherche de Chimie Paris, Paris, France

² Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Orléans, France

De par leurs compositions et les flux qu’ils représentent, les Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques sont une ressource qu’il devient indispensable de valoriser. En particulier, les cartes électroniques contiennent de nombreux métaux de base, stratégiques et précieux. La technique actuelle de recyclage, la pyrométallurgie, souffre de plusieurs inconvénients (forte consommation d’énergie, rejets gazeux toxiques, etc.). Il est donc nécessaire de développer de nouveaux procédés. Parmi les technologies alternatives, la biolixiviation, c’est-à-dire la mise en solution assistée par des micro-organismes, pourrait être combinée à d’autres techniques hydrométallurgiques dans le but de récupérer les métaux. L’objectif de notre étude a été de déterminer et d’optimiser les taux et vitesses de mise en solution de différents métaux issus de déchets de cartes électroniques à l’aide d’une culture acidophile de bactéries ferro-oxydantes.

La variabilité des déchets rend complexe la constitution d’échantillons reproductibles et représentatifs à partir d’un large lot initial. Un protocole de préparation, d’échantillonnage et de caractérisation a été développé au préalable pour obtenir des échantillons utilisés dans la suite de l’étude. La variabilité des teneurs en métaux entre les échantillons a été déterminée et ce protocole a été validé.

Dans le but de réduire l’impact de la toxicité des métaux contenus dans les cartes électroniques vis-à-vis des bactéries, un réacteur à double étage a été mis au point. Ce dernier permet de découpler la croissance des micro-organismes, résultant de la bio-oxydation de Fe(II), de la biolixiviation des échantillons de cartes électroniques broyées. Les performances de ce réacteur ont été étudiées en batch et en continu. Dans le premier étage, la mise en lumière de phénomènes de précipitation du Fe(III) a permis de déterminer des conditions opératoires permettant une production de solution lixiviante avec des caractéristiques stables dans le temps. Dans le second étage, les résultats ont montré une adaptation de la culture bactérienne au cours du temps, ce qui a permis d’atteindre des vitesses élevées de mise en solution à différentes concentrations en cartes électroniques. A 1%(m/v) de cartes électroniques, les rendements maximaux de mise en solution atteignent 96% du Cu, 85% du Zn, 73% du Ni et 93% du Co. A partir de ces résultats, de nouvelles perspectives s’ouvrent sur l’utilisation de la biolixiviation pour la récupération de certains métaux dans nos déchets. Diminuer le temps de séjour ou augmenter la concentration en solide sont des pistes à étudier pour optimiser le processus.

Récupération sélective assistée plasma des éléments stratégiques

J. CRAMER, O. LESAGE, F. PRIMA, D. MORVAN, F. ROUSSEAU

Chimie ParisTech, PSL Research University, CNRS, Institut de Recherche de Chimie Paris, Paris, France

Projet PERSE (Plasma Enhanced Recovery of Strategic Elements) : La révolution technologique des dernières décennies a profondément changé la société et les appareils électroniques sont maintenant largement utilisés à travers le monde. La production en ressources primaires peine parfois à répondre à la demande croissante en appareils électroniques, et à faire preuve de réactivité industrielle. De nouveaux procédés de recyclages sont donc nécessaires pour résoudre ce risque d’approvisionnement. Ce projet de recherche a pour objectif d’étudier les potentialités offertes par le milieu plasma afin d’extraire sélectivement des éléments critiques contenus dans une matrice métallique issue de déchets électroniques. Ainsi, une étude expérimentale a été menée sur des matrices de compositions types « cartes de circuits imprimés » pour montrer l’apport du plasma pour des opérations élémentaires d’extraction pyrométallurgiques. En parallèle, une étude théorique via des outils de simulation a permis d’augmenter le niveau de compréhension en vue d’optimiser le procédé. En combinant ces deux approches, il a été possible de traiter des matrices binaires CuSn26%m sous atmosphère oxydante pour en extraire le Sn avec une grande sélectivité (>90%). Un mécanisme d’extraction permettant de calculer des paramètres cinétiques a également été proposé. De l’indium a également pu être extrait à partir de matrices CuSn26%m. + In (150 ppm.) et récupéré avec un facteur d’enrichissement de concentration allant de 30 à 400. Enfin, des condensateurs au tantale ont été pyrolysés et ont subi des traitements thermochimiques par le plasma afin de récupérer, en voie sèche, le tantale à de grandes puretés (>99%).

Développement d’un laboratoire sur puce innovant pour le captage des métaux stratégiques en milieu très dilué en vue de leur analyse et recyclage¹

J. GOUYON, S. GRIVEAU, F. D’ORLYE, F. BEDIOUI, A. VARENNE

Chimie ParisTech, PSL Research University, CNRS, Institut de Chimie pour les Sciences de la Vie et de la Santé, Paris, France

Dans  le  domaine  des  métaux, il  existe  différentes méthodes  d’analyse  avant  et  après  recyclage avec  des  technologies  classiques  (ICP-AES, ICP-OES,  XRD,  fluorescence  de  rayons  X).  Nous  proposons  dans  ce  projet  d’apporter  une contribution  innovante  dans  ce  domaine  en  développant  un  laboratoire  sur  puce  pouvant intégrer le  traitement  et  l’analyse  de  solutions  diluées  de  métaux. En  vue  d’une  détection spécifique  et  sensible,  le  traitement  intégré  de  l’échantillon effectuera  le  captage de  ces métaux de  la  matrice, en  exploitant  le  phénomène  dynamique  de  confinement  des  traces métalliques dans une zone définie du microcanal. Ce système devrait permettre de concentrer les  espèces  dans  des  volumes  très  réduits. Ce  phénomène  de  captage  pourra  aussi  être  mis  à contribution      pour   envisager   le   recyclage   de   ces   traces. Ainsi,   le   processus   de confinement/relargage  des  métaux  pourra  être  répété  en  continu  pour  l’analyse  sur  site,    la dépollution des solutions  et le captage de ces métaux en vue de leur recyclage/valorisation.

¹ Projet cofinancé par l’ADEME.